Article rédigé le 03/12/24 par un militant de la FSU SNUipp Nord... qui avait déjà senti les annonces arriver !

Gabriel Attal, faire du vieux avec un jeune

Rentrée 2024. Les élèves, vêtus de leur tenue républicaine officielle, découvrent leur nouveau manuel unique et le programme épanouissant de cette nouvelle année : devoirs écrits à la maison, redoublement et restauration de l’autorité.
Voilà à quoi pourrait ressembler l’école de « demain », ou plutôt d’autrefois, voulue par Gabriel Attal, le plus jeune ministre de l’Éducation Nationale sous la Ve République.

Faire du vieux avec un jeune, c’est ainsi que l’on pourrait résumer le questionnaire « Exigence des savoirs », envoyé pendant les vacances aux enseignantes et enseignants. Ce simulacre de concertation révèle un projet passéiste. Les devoirs à la maison, officiellement abandonnés dans le premier degré en 1956, et le recours au redoublement, feraient leur retour. Dans la lignée de Jean-Michel Blanquer, le Ministre propose également de revoir les programmes pour renforcer la place des « fondamentaux », avec notamment l’introduction d’un enseignement de « culture générale » où les sciences, l’histoire, la géographie et les arts, risquent fortement d’être dilués.

L’école publique doit avoir pour ambition d’être une école émancipatrice, égalitaire, sans hiérarchie des savoirs. Jamais, Jules Ferry n’a promu l’école du « lire, écrire et compter » comme l’ont fait les ministres d’Emmanuel Macron. Pour retrouver cette trilogie, aujourd’hui fantasmée, il faut remonter à une ordonnance royale de 1816 selon laquelle l’enseignement primaire devait nécessairement comprendre « l’instruction morale et religieuse, la lecture, l’écriture, les éléments de la langue française et du calcul ».

Ce questionnaire, à l’instar des différents guides publiés ces dernières années ou de la labellisation des manuels scolaires, témoigne du mépris du ministère vis-à-vis des professionnels de l’éducation. Faisant fi des consensus scientifiques et de l’expertise des équipes éducatives, le Ministre avance à marche forcée pour imposer une vision nostalgique de l’éducation. A l’heure où le recrutement des enseignants français est de plus en plus complexe, cette nouvelle forme de défiance risque de plonger notre école dans une crise encore plus profonde. Au lieu de se tourner vers un passé fantasmé, le Ministre ferait bien de regarder ce qui se fait autour de nous, en Finlande par exemple où l’école de demain se construit avec une formation de qualité, en lien avec la recherche et des enseignants valorisés.

Gabriel Attal a envoyé un message aux enseignants du premier et second degré sur leurs boites mails académiques ce Mardi 5 décembre.

Dans le premier degré on nous prévoit :

– des nouveaux programmes pour la rentrée 2024 "simplifiés et clarifiés- avec l’intégration d’objectifs annuels figurant aujourd’hui dans divers guides épars et le choix clair de la pédagogie explicite".
Ces guides, injonctifs, qui empêchent la liberté pédagogique et l’adaptation nécessaire en fonction des élèves et du milieu...

Pour la FSU-SNUipp, l’annonce de nouveaux programmes amène à se questionner sur la conservation de l’ambition et les grandes lignes des programmes de 2016. Leur publication sera-t-elle aussi tardive que les nouveaux programmes de sciences de cette rentrée 2023 ? Les professeurs des écoles auront-ils assez de temps pour se les approprier ?

– du changement pour les redoublements : "un décret va rendre à l’équipe pédagogique - et non plus aux familles - le dernier mot s’agissant du redoublement de l’élève".
Aucune étude associée sur les effets du redoublement ?

Pour la FSU-SNUipp cela va à l’encontre des avancées des chercheur·euses, en France comme à l’international, qui ont conclu que le redoublement n’a pas d’effet positif à long terme sur les performances scolaires des élèves.

Au contraire, le redoublement a le plus souvent des effets délétères, comme l’a prouvé en 2015 le CNESCO.

– L’exigence à tous les étages "la science et le bon sens comme boussole"...
Phrase incompréhensible, hors-sol... Il va falloir attendre pour en comprendre le sens.

– des manuels scolaires payés par l’état en CP/CE1 avec pour justification de "renforcer les chances de réussite sur tout le territoire, et même s’il s’agit d’une compétence des collectivités locales".

Pour la FSU-SNUipp, les personnels du premier degré sont encore une fois considéré.es comme de simples exécutant.es et, dont on attend qu’ils et elles ne fassent qu’appliquer des scénarios pédagogiques élaborés par d’autres. C’est ce qui transpire derrière la labellisation ministérielle de manuels scolaires ou la promotion des guides, par ailleurs en rupture avec les consensus scientifiques sur les apprentissages scolaires.

– la méthode Singapour imposée pour "l’apprentissage des mathématiques anticipant par exemple l’apprentissage des fractions et des nombres décimaux dès la classe de CE1".
Parce que, semble t-il cette méthode fonctionne ailleurs...

De nombreuses annonces également pour le second degré avec des créations de groupes de niveaux, des embauches ? alors que les places au concours ne sont mêmes pas pourvues ?les élèves de 6e et 5e seront répartis par groupe de niveaux en français et en mathématiques dès septembre 2024...

Pour la FSU-SNUipp, les groupes ou les classes de niveau participent du creusement des inégalités.

Les PE et les professeurs de collège seront-ils amenés à réfléchir ensemble aux groupes ?

Communiqué de presse

Lettre de Gabriel Attal 5 décembre 2023

Lettre de Gabriel Attal, aux enseignant.es ce 5 décembre 2023

Lettre de Gabriel Attal, aux enseignant.es ce 5 décembre 2023